Double projet, double vie
Le sportif de haut niveau est un profil intéressant pour les établissements scolaires. Les directeurs regardent avec un peu plus d’attention son dossier que les autres, c’est indéniable. Depuis la loi du 27 novembre 2015, les fédérations doivent avoir un référent au suivi socio-professionnel au sein des structures pédagogiques. Des tuteurs qui peuvent faciliter les transmissions de dossier, favoriser les discussions en interne et aménager les horaires scolaires du sportif. Malgré ces rapports privilégiés, les coordinateurs refusent de parler de favoritisme vis-à-vis des athlètes.
Des fédérations qui dictent la marche à suivre
Xavier Dallet, responsable de la scolarité à l’INSEP, reçoit chaque jour des directives provenant des différentes fédérations. Il doit dresser le planning de ses étudiants autour des impératifs qui lui sont communiqués : « Nous avons mis en place une organisation propre à l’INSEP pour que les sportifs puissent s’entraîner le matin et l’après-midi, et puissent surtout avoir des outils pour travailler à distance lorsqu’ils partent en compétition ou en stage. Ils sont très pris mais on se doit de préserver des temps de formation scolaire. » Des temps d’étude indispensables pour les élèves de l’institut qui sont soumis au même baccalauréat avec les mêmes exigences que des lycéens inscrits dans des établissements classiques.
Une organisation sur mesure
Les étudiants de l’INSEP bénéficient d’un enseignement personnalisé, dans des petites classes composées de 10 à 20 élèves mais également d’un accompagnement permanent. Les temps de formation scolaire sont eux-aussi réduits, ils sont de 20 à 23 heures par semaine pour les sportifs de l’INSEP au lieu de 27 heures dans un cursus standard. Les étudiants sont donc favorisés par rapport aux conditions mais défavorisés au niveau de leur temps de formation qui lui, est compressé.
Des arrangements à l’amiable ?
Djibril* a pu bénéficier d’une dérogation de l’INSEP pour intégrer l’école de kinésithérapie de l’institut alors qu’il venait d’échouer à son concours de médecine. Au moment de partir en stage au Japon avec l’équipe de France, il a essayé de bénéficier du pouvoir de décision de sa fédération : « Je savais qu’il existait une sorte de passerelle entre médecine et kiné car l’INSEP proposait cette formation. J’ai fait un peu de chantage, je leur ai dit que s’ils voulaient que j’aille au Japon, ils devaient me garantir que j’intégrerai l’école de kiné parce que je savais que la fédération pouvait faire remonter mon nom dans les listes d’admission ». Face à sa requête, l'institut n’a pas pu lui garantir son entrée à l’avance en justifiant que la place serait attribuée au dossier qui présenterait les meilleurs résultats. Toujours est-il qu’aujourd’hui, Djibril est bel et bien en école de kiné au sein de l’INSEP.
*notre intervenant a souhaité rester anonyme. Nous avons modifié son nom.
Hugo Castagnède