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Difficile de trouver un moment dans un calendrier chargé. Le premier rendez-vous fixé avec Noah et son père Damien pour évoquer le double projet est repoussé. Le jeune joueur est en tournoi à Grenoble. L’interview se fait finalement un jeudi soir après 21 heures par Facetime. Détendus, les deux hommes évoquent ce premier choix de carrière devenu inévitable. Le dilemme est simple, d’accord pour consacrer du temps au tennis, mais l’école ne s’arrête pas pour autant. La sélection du sport de haut niveau est cruelle. Il faut préparer une porte de sortie au cas où la balle ne passerait plus le filet. 

 

« Noah, est-ce que tu peux nous décrire une semaine classique, quand tu n’as pas de tournoi ?

 

Noah Malige : Je vais deux jours par semaine à la Ligue de tennis du Lyonnais, le lundi et le mercredi. Je n’ai pas de cours scolaires ces jours-là. J’ai deux entraînements de tennis le matin et l’après-midi avec Alain Reynaud (coach fédéral de la Ligue), auxquels s’ajoute une heure trente de physique. Tout ça se fait à deux donc il y a beaucoup d’intensité. On travaille bien (sourires). Le midi je me repose et j’en profite pour effectuer du travail scolaire personnel. Comme je commence à 10 heures, j’en fais aussi un peu avant.

Les autres jours je suis dans mon club. Le plus souvent je joue une heure trente le matin et pareil l’après-midi sous le regard de mon coach Olivier Coyras. Mais là, j’ai des cours entre ces séances. Le jeudi matin je n’ai pas de tennis, je n’ai que des cours scolaires. Enfin le week-end c’est du travail personnel. 

 

Quand tu es en période de tournois, c’est de l’adaptation permanente j’imagine ?

 

N.M : Tout à fait, on décale et on rattrape. En tout j’ai six professeurs particulier. Il faut réaliser un certain nombre de cours sur l’année. J’en ai profité pour en faire un peu plus que prévu récemment car j’ai eu peu de tournois. C’est souvent de l’adaptation. 

 

A quelle période avez-vous décidé de partir sur ce double projet ?

 

Damien Malige : Vers avril dernier, à la fin du collège. On a choisi le CNED directement. Ce sont les résultats sportifs et scolaires qui nous ont fait partir là-dessus. On avait fixé des objectifs scolaires et sportifs, il fallait avoir un niveau tennistique national et avoir des résultats scolaires corrects. Pour garder ce cap on n’avait plus le choix, nous étions retardataires par rapport aux autres. Le meilleur de sa catégorie est dans ce double projet depuis le CE1 ! On peut se poser la question de savoir s’il n’est pas devenu aussi fort en partie grâce à ce choix. Nous on a décidé d’attendre de voir les résultats pour se lancer. Mais la Ligue et la Fédération Française de Tennis nous ont clairement dit : « C’est parce que vous allez mettre ça en place qu’il aura de très bons résultats ». 

Maxime Monthioux

« Tout est organisé autour du joueur »

A 15 ans, Noah Malige fait partie des espoirs du tennis français. Son brevet en poche, il n’a eu d’autre choix que de sortir du système scolaire classique. Un double projet est mis en place depuis six mois afin de l’accompagner jusqu’à son rêve, devenir professionnel. 

« C’est inconcevable d’arrêter l’école ! »

 

C’était inenvisageable de continuer un cursus scolaire normal ?

 

D.M : Quasiment impossible oui. Dans les meilleurs français, à partir de 13-14 ans il n’y en a plus qui restent dans le système scolaire français classique. Il n’est pas adapté pour cela, le cadre est très stricte. Et puis tu as trop d’absences après. Les seuls aménagements que Noah a eu auparavant, c’était avec son collège, mais il était dans un établissement privé. 

Le but c’est d’avoir un entraînement bi-quotidien. Au lycée c’est impossible. On vise un entrainement semi-professionnel désormais.

 

Et c’est impossible de sortir définitivement du système scolaire ? Il faut garder une roue de secours ?

 

D.M : C’est inconcevable d’arrêter l’école ! Il y a trop de risques. Il faut trouver l’équilibre, si le tennis prend trop le dessus c’est dangereux. L’objectif est toujours d’avoir le niveau national jusqu’au Bac et d’avoir un Bac général. Nous, ses parents, on croit en l’école, on a réussi avec l’école. Il y a trois ans ça me paraissait inconcevable ce double projet. Ce sont les résultats et l’investissement de Noah qui nous ont fait évoluer.

 

L’an prochain vous resterez sur le même mode de fonctionnement ?

 

N.M : L’objectif est de faire pareil l’an prochain oui. Si les objectifs sont atteints, on est parti pour trois ans. On a des points réguliers avec les entraîneurs de Ligue tous les trois mois pour être sûr de ne pas lâcher. 

 

Tu sais ce que tu veux faire après le Bac si tu dois continuer les cours ?

 

N.M : Pour l’instant je pense me diriger vers une école de commerce. 

 

Quel est ton rêve ?

 

N.M : Être les dans les 10 meilleurs mondiaux (sourires) ».

« C’est un vrai projet familial »

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Après six mois, êtes-vous satisfaits de ce choix ?

 

D.M : Pour l’instant oui, notamment parce que Noah est investi, il y a de gros progrès niveau tennis. La Fédération a arrêté les pôles, ils veulent une équipe autour du joueur. Ils se sont inspirés, entre autres, de la réussite de Caroline Garcia. Tout est organisé autour du joueur. La démarche est plus individualisée aujourd’hui. Par exemple, s’il était dans un pôle espoirs, Noah n’aurait pas forcément le psychologue qui lui convient le mieux. Là il fait de la sophrologie, un autre joueur fait autre chose comme de l’hypnose. Noah a aussi son kiné-ostéopathe personnel qu’il voit une fois par semaine. Ce changement est tout récent.

 

C’est efficace tant sur le plan scolaire que tennistique ?

 

D.M : Niveau scolaire il semble dans les clous mais on n’a pas tellement de recul. On en saura plus quand il aura passé un examen. Les notes sont bonnes mais c’est difficile de se repérer.

C’est mieux niveau tennis, c’est plus adapté. L’autre soir Noah est rentré à 1 heure du matin, il n’avait pas à se lever tôt pour aller au lycée le matin. Cela évite aussi les trajets. Tout se fait dans son club, il va sur un lieu pour la journée.

 

Financièrement, on imagine que c’est un réel investissement ?

 

D.M : Oui clairement. On a des bourses de la part de la ligue Auvergne-Rhône-Alpes. C’est une bourse pour aider à l’international, ça nous aide quand il part à l’étranger ou fait des tournois juniors internationaux en France. On paie les enseignants qui aident Noah à assimiler les cours du CNED, les entraînements. Les déplacements et les accompagnements coûtent aussi très chers. On a quand même l’aide matérielle de Babolat, mais à un moment on sera surement obligé de chercher des mécènes. Un an comme cela ça va, deux ans ça passe, mais après c’est compliqué. Financièrement, c’est comparable à des études supérieures dans une école mais il y a le risque si ça ne marche pas, de devoir faire des études derrière… C’est un vrai projet familial. 

Le tie-break de Noah Malige : 

Coup préféré ?

 

Le revers

 

Matière préférée ?

 

L’histoire

 

Federer ou Nadal ?

 

Nadal !

 

Une heure de physique-chimie ou une heure de physique sur le court ?

 

Physique sur le court (sourires)

 

Tournoi favori ?

 

Roland-Garros

Noah Malige a démarré son double projet il y a six mois (photo : Maxime Monthioux)
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